Parole de la semaine – 2e dimanche de l’Avent

Pour ce deuxième dimanche de l’Avent, l’Eglise nous invite à méditer sur le commencement de l’Evangile de Saint Marc 1 v 1-8. Ce passage nous exhorte à la pénitence en évoquant Jean Baptiste. Comment vivons-nous cet indispensable exercice spirituel dans un monde qui veut ignorer le péché, au sein de communautés chrétiennes souvent poreuses à ce genre d’idées ? L’omission du « Je confesse à Dieu » au début de la messe en est un signe parmi d’autres. Un Kyrie, même « habillé » de paroles prétendument de confession ne remplacera jamais un confiteor ! Voici la fin de mon homélie :

Je ne suis pas un idolâtre du ritualisme, mais je connais sa puissance d’enseignement. Tant que l’on ne voudra pas comprendre que la liturgie et la manière de la célébrer sont aussi importantes que l’homélie et conditionnent en très grand partie la valorisation du mystère eucharistique on n’encouragera pas à venir ou à revenir à la messe.

Certains lieux seront désertés au profit d’autres. Et ce sera juste.

Car derrière tout cela, en particulier ce qui concerne le commencement de la messe pour reprendre le mot qui était le point de départ de notre réflexion sur cet évangile, se cache la manière de se préparer à recevoir le Christ.

Pour la messe cette réception se produit dans l’eucharistie, pour les autres moments de la vie c’est dans la prière, la rencontre avec le prochain, la manière d’affronter certains événements, etc.

Tout cela exige préparation spirituelle appelée direction de conscience dans le catholicisme et cure d’âme dans le protestantisme luthérien dans lequel j’ai été élevé. Et je me souviens dans la messe luthérienne de cette belle prière qui inaugurait la célébration de l’eucharistie et était prononcée par le pasteur : « le sacrifice agréable au Seigneur c’est un cœur contri et brisé, ô Dieu tu ne méprises pas le cœur qui s’humilie devant toi. » Suivie immédiatement par le chant du « Ô Dieu créé en moi un cœur pur » qui reprenait les versets 12 et 13 du psaume 51 (50).

On montrait bien ainsi qu’on avait entendu Jean-Baptiste récapitulant l’Exode Isaïe et Malachie et qu’on était entré à sa suite dans les eaux du Jourdain, les eaux de la pénitence, afin de faire de notre âme l’habitation la plus pure possible pour recevoir le corps et le sang sacré du Christ Jésus.

Et ce moment liturgique avait bien sûr été préparé par des rencontres avec les pasteurs.

Le catholicisme possède toutes ces possibilités, et je dirais même avec plus de force que le protestantisme puisque la pénitence réconciliation est demeurée un sacrement, statut que Luther après avoir longtemps hésité ne lui a malheureusement pas conservé.

Mais voilà on n’a plus le sens du péché, on voudrait bien souvent nous faire croire que Dieu nous aime tellement qu’il aime même nos péchés. Un peu comme si la conversion de la femme de mauvaise vie de l’Evangile consistait à ne plus se prostituer pour de l’argent mais gratuitement au nom de la très sainte charité !

Je pousse loin le bouchon j’en suis conscient, mais il faut choquer aujourd’hui pour faire comprendre que la déchristianisation n’est pas une fatalité mais une conséquence de l’imbécillité, au sens étymologique de ce mot, des clercs bien éloignés du poil de chameau de Jean-Baptiste, de son miel et de ses sauterelles.

Ils parlent comme si, je dis « comme si » car ils n’en ont ni le goût ni les moyens, ils étaient revêtus de manteaux de vison et mangeaient des petits fours dans des endroits chics. C’est à dire qu’ils ont l’esprit d’un christianisme mondain qui veut plaire au plus grand nombre et craint toujours d’avoir raté le dernier métro à la mode.

Aussi pour annoncer ce qui vient derrière eux, il ne faut pas trop y compter, parce qu’ils devraient alors croire qu’il y a plus puissant qu’eux et qu’ils ne sont pas dignes de se courber à ses pieds.

Quant au baptême d’Esprit Saint, notre baptême, la plupart de ceux qui sont chargés de l’administrer en sont à se demander s’il est bien nécessaire de le donner aux tout petits étant entendu que le péché originel est une fable et qu’il faut que les enfants puissent choisir librement !

Ils seront alors tous prêts à subir « le genre » de notre éducation dite nationale, et à subir la transsubstantiation de l’élève en citoyen tant souhaitée par le ministre Peillon qui fut chargé un temps de cette honorable institution, voir son livre prophétique publié en 2008 intitulé « la Révolution française n’est pas terminée ». C’est peut-être le premier tome du saint livre laïc qui servira à la nouvelle religion de la République Française ?

2 commentaires

  1. Bonjour mon père,
    vos références Luthériennes ne vont pas plaire à certains 😉 Je ne suis pas féru en la matière, mais surpris de lire sous votre plume « …dans la messe luthérienne de cette belle prière qui inaugurait la célébration de l’eucharistie ». Je n’ai jamais entendu dire qu’il y avait célébration de l’Eucharistie dans le protestantisme, mais commémoration de la scène. Pourriez vous m’éclairer sur ce point ?
    En tout état de cause je vous rejoins complètement sur le fait que certaines célébrations Luthériennes ou protestantes en général ont probablement bien plus de sens que les lamentables simulacres de messes qui jalonnent notre belle campagne française. A Paris c’est en général acceptable, dans quelques diocèses les évêques tiennent la barre, souvent avec difficultés, mais quelle chienlit ailleurs ! Et de mauvaise facture qui plus est ! Ici, dans le diocèse d’Angers, les messes célébrées intégralement selon les rites et prescriptions de l’Eglise Catholiques sont peau de chagrin. Entre les festivals de chants « cucus », les interminables palabres creuses, les danses et autre mièvreries, nous sommes gâtés. Au concerts de louanges accompagnant ces pantalonnades ridicules, j’ai souvent en tête la tirade de Pierre DESPROGES dans un de ses merveilleux sketch : « …cette intelligentsia crapoteuse systématiquement transite d’admiration béate pour tout ce qui ressemble de près ou de loin….à de la m… » (Tribunal des flagrants délires, Jean-Marc Roberts, https://www.youtube.com/watch?v=SFyEp04JidE).
    Quand au péché, c’est incroyable les artifices qu’utilisent certains pour l’éluder. Un « prêtre » sois disant spécialiste a fait sur RCF national une série d’interventions, sur le messe, mais aussi sur le sacrement de réconciliation en ne parlant absolument jamais de faute ou de péché ! J’en suis resté pantois, pour ne pas dire scandalisé.
    Même si je ne cautionnerai jamais le schisme de la FSSPX en allant à leurs messes plutôt qu’à une autre pourtant lamentable, je comprends la désorientation de bien des gens et leur choix d’aller dans ces chapelles où pour le coup c’est carré, parfois un peu trop ….
    Vous avez parfaitement raison de souligner avec quelle bêtise oui naïveté beaucoup jettent le bébé avec l’eau du bain. Philippe de Villiers aime à rappeler les paroles de Soljenitsyne évoquant une éclipse de l’intelligence dans la vieille Europe, il n’imagine pas à quel point…Il a lui même, dans son spectacle, fait de Charrette un ‘Che’ version 1793, une sorte de héros de la liberté lui ôtant toute dimension religieuse. Et oui, il ne faut pas trop froisser les grosses banques qui ont leur logo l’entrée du Parc….Il y aurait tellement à dire sur ce cas d’école que deviens le Puy du Fou, mais vous le savez mieux que moi pour avoir connu l’ennemi de l’intérieur, et ce n’est pas le sujet.
    L’ennemi a tellement bien oeuvré et manoeuvré, avec professionnalisme et patience que les pensées de ceux qui sont reconnus aujourd’hui les plus solides sont elles même viciées, atteintes par les métastases. Nous même, soyons réalistes, sans même nous en rendre compte à chaque fois ! Je pense que hélas sans un miracle, nous sommes fichus ! C’est bien là l’Espérance.

    Respectueusement,

    Vincent BETIS

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