La mort gênante

J’avais annoncé dans mon dernier blog des explications sur la participation spirituelle aux grands actes liturgiques de l’Église, par le moyen de la radio, d’internet ou de la télévision. Je ne pourrai le faire que dans mon prochain blog.

Car, à mon grand regret et à ma grande tristesse, je me dois, en urgence, d’attirer l’attention sur deux faits extrêmement graves, bien significatifs du mépris dans lequel certaines personnes tiennent l’Église catholique en France.

Il s’agit des obstacles dressés devant des malades qui, dans nos hôpitaux, demandent l’assistance d’un prêtre, et des incitations plus ou moins subtiles faites auprès des familles pour organiser d’une manière très rapide les funérailles, surtout quand il s’agit de morts du coronavirus.

Dans un communiqué publié ce 29 mars dernier, Monseigneur Benoît de Sinety, Vicaire Général de l’Archidiocèse de Paris écrivait « À l’heure où l’urgence se fait grande et où l’ensemble de notre société retient son souffle devant la progression de cette épidémie, je demande avec gravité que puisse être respecté ce droit fondamental à être un homme jusqu’au bout de sa vie. Que ceux qui expriment le désir, ou dont la famille le manifeste, puissent bénéficier de la présence du ministre de leur religion à leurs côtés pour prier avec eux et pour eux, pour leur tenir la main, pour ne pas les laisser mourir sans bénéficier d’un accompagnement spirituel qu’ils peuvent souhaiter… Ne pas se rendre au chevet des mourants revient à laisser le champ libre à une forme d’abandon non pas humain mais spirituel qui, outre le fait qu’elle incite des malades à tout faire pour échapper à l’hôpital par peur d’y subir ce sort, abîmerait durablement l’âme de notre système de santé et, plus largement de notre pays ».

« Échapper à l’hôpital par peur d’y subir ce sort. » oui beaucoup de français croyant en Dieu pourront ressentir cela, et pas seulement des catholiques, notre Vicaire Général ayant d’ailleurs parlé de la présence de ministres d’une religion.

Mais une autre raison peut pousser à craindre l’hôpital, et pire, tout simplement le médecin. Le décret N°2020-360 du 28 mars 2020, signé par le Premier ministre et le ministre de la santé autorise un médecin à injecter du rivotril en intraveineuse aux malades gravement atteints pour éviter la détresse respiratoire, et l’assuré n’aura rien à payer ! Il mourra en quelques heures, après l’injection. Le site Le Salon beige a publié un intéressant article (1) d’un médecin confronté régulièrement aux problèmes de l’atroce souffrance liée à la fin de vie. Il y a tout expliqué. Mais il ressort tout de même clairement de son propos, du moins de ce que j’en ai compris, que l’intraveineuse de rivotril est à coup sûr mortelle, tandis que le produit utilisé auparavant, le midazolam ne peut avoir un effet mortel qu’à forte dose. Autrement dit, que lorsque la douleur devient trop forte et que son atténuation met en danger la vie du patient. Si ce dernier est en fin de vie, il a parfaitement le droit, sans cesser d’être un bon catholique, de demander qu’on fasse cesser ses souffrances, quitte à mourir plus tôt. (ceci ne vaut donc bien que lorsque la mort est inéluctable !). Ayant pendant deux ans été aumônier d’hôpital, je sais qu’on ne peut pas soulager toutes les souffrances, et qu’il existe des cas limites où seul l’emploi de produits dangereux est efficace. Le drame qui consiste à passer de la sédation classique, par étapes, au moyen d’un produit qui n’est pas par lui-même mortel, à un produit qui l’est à coup sûr dans le cas de détresse respiratoire n’est pas anodin. Même si ce n’est que pour un temps. Il permet à un médecin de donner une substance mortelle, acte contraire à sa profession. Le coupable n’est toutefois pas le médecin qui l’administrera à ceux qui se trouvent en phase terminale du cancer du poumon, ou du coronavirus, mais le gouvernement qui n’aura pas pu lui fournir le médicament nécessaire. Peut-être qu’on ne légalise pas l’euthanasie, mais on en prend le chemin en y habituant les praticiens.

Qu’on me comprenne bien ! Je sais que la détresse respiratoire, que ce soit en phase terminale de cancer du poumon, ou d’infection par le coronavirus peut entraîner une mort atroce, et que la charité commande d’abréger les souffrances quand des médecins, collégialement, sont sûrs que le malade arrive à la fin de sa vie. Ensemble, les différents médecins responsables peuvent mettre en place un traitement antidouleur, qui ne saurait en aucun cas être mortel en lui-même, mais qui peut seulement le devenir à haute dose, étant entendu, que cela pourra être employé en tout dernier recours. Mais pas au début ! À ceux qui trouveraient ce raisonnement hypocrite, je n’ai rien à répondre, parce qu’ils donnent alors la preuve qu’ils ne comprendront jamais rien au respect de la vie tel que l’entend l’Église, et aussi beaucoup de médecins encore.

De plus, dans ce qui est prévu par le décret, il semble bien qu’un seul médecin décide ! Il est spécifié « si l’état clinique le justifie ». Et apparemment, là encore, le médecin en question demeure seul pour juger du bienfondé de la justification ! Valable jusqu’au 15 avril, ce décret ne présenterait-il pas toutes les apparences d’une permission de l’euthanasie hors des cadres prévus par la loi sur les soins palliatifs ? Nos autorités politiques ne devraient-elles pas donner quelques explications ?

Quand on compare cette rapidité à signer pareil décret, à ordonner ce dimanche 5 avril une grande étude sur le plasma des personnes guéries, et la lenteur avec laquelle on a pris soin de commander masques et tests fiables, on reste pour le moins dubitatif. Quand on repense aussi avec quelle rapidité on s’est moqué du professeur Raoult, pour consentir ensuite à n’utiliser son protocole de soins que dans les cas graves, autrement dit pour voir mourir les patients ainsi soignés, et en imputer la faute à ce médecin qui décidément n’a pas la cote (car en agissant ainsi on allait à l’encontre de ce qu’il avait préconisé), on se demande s’il existe en France un esprit de logique chez nos décideurs.

A l’heure où j’écris ces lignes, je signale deux cas pour illustrer cette situation actuelle qui ne doit pas durer. Depuis hier au moins, un patient catholique qui se trouve à l’hôpital de Montsouris à Paris se voit refuser par l’établissement la visite de l’aumônier pour recevoir l’onction des malades. Cette attitude est contraire à la charte des patients hospitalisés, et spirituellement monstrueuse. Les craintes de notre Vicaire Général étaient donc bien justifiées. Et pour ce qui relève des services funèbres, à défaut de pouvoir utiliser un TGV, on se dirige vers un CGV, convoi à grande vitesse : la mort en EHPAD, ou à l’hôpital, et direct au four crématoire ! La pastorale diocésaine de Paris des funérailles n’a encore effectué aucune célébration pour un défunt du coronavirus. Je souhaiterais que mes confrères me disent ce qu’il en est pour leur paroisse. Selon les réponses, il pourrait y avoir quelque intérêt à faire des statistiques utiles à la science. Le fait d’être catholique pourrait-il, peut-être, dans de nombreux cas, immuniser contre le coronavirus ? Et dans ce cas, ce remède contre la pandémie, même s’il devait déplaire à quelques idéologues ne coûterait pas grand-chose à la Sécurité Sociale.

En bref, dès que la situation le permettra, beaucoup de gens auront des explications à donner. Actuellement en France, les gens sont paniqués et traumatisés, et à défaut d’avoir recours à la raison, ils se laisseront aller aux fantasmes de toutes sortes, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire après de grandes épidémies.

Comme il faut commencer par balayer devant sa porte, il me semble que l’Église devra montrer l’exemple. A voir et à entendre les réactions de certains de nos fidèles, voire de certains ministres du culte, je pense qu’il est plus que temps de reparler de la doctrine de la messe, d’aborder plus souvent que nous ne le faisons la question des fins dernières, et enfin, de redonner son importance à la pénitence et à tout ce qui l’entoure dans la doctrine catholique, comme les indulgences par exemple. Le Saint Pape Paul VI avait bien mis les choses au point là-dessus. Le Magistère actuel l’a fort heureusement rappelé, mais cela n’a pas été compris par certains, avec bien souvent, une évidente mauvaise volonté. À cette occasion, l’Église a rappelé avec justesse l’importance de la démarche spirituelle. Pour pouvoir continuer à m’en réjouir, je souhaite qu’on redise aussi avec beaucoup de forces, que le Christianisme est la religion de l’Incarnation du Verbe Divin, et qu’un chrétien ne peut être éloigné des sacrements qu’à titre exceptionnel : sanction de l’Église, ou risque mortel pour lui-même et les autres (ce qui justifie les mesures que notre hiérarchie française a jugé bonnes de prendre).

Mais l’exception ne saurait justifier la règle. Aucun catholique ne peut se dispenser de demander l’assistance d’un prêtre pour affronter la mort, de même qu’il ne peut décider de priver un autre catholique des honneurs des funérailles chrétiennes. Dans ce dernier cas, l’Église est seule juge par la voix de l’évêque du lieu.

Quant au gouvernement, il devra lui aussi s’expliquer, car la maxime d’Emile de Girardin (1806-1881), « gouverner c’est prévoir », ne s’est jamais révélée aussi tragiquement vraie ! Il appartient à ceux qui ont le devoir d’état de faire fonctionner au mieux le système politique qui nous gouverne d’interpeller ou non les autorités politiques. Les citoyens jugeront.

Je constate simplement que la toute dernière mesure prise par notre préfet de police, décidément très sensible à la mort des malades du coronavirus, va hâter le système CVG. Tous leurs cercueils seront entreposés au marché de Rungis, dans une belle salle réfrigérée, puisqu’elle servait à entreposer des légumes. Et il parait qu’elle avait déjà fait ses preuves en 2003 lors de la grande canicule en servant d’entrepôt à cercueils. On nous dit que des salons seront prévus pour que les familles puissent se recueillir et faire leur deuil. Je ne doute pas qu’on puisse les nourrir éventuellement, compte tenu des lieux. Mais de nourriture spirituelle, il n’est pas question, on ne parle même pas de salle « omniculte » réservée, comme cela existe dans un crématorium, alors que l’entrée d’un tel lieu est actuellement interdite à la famille et à tous les ministres du culte. Et qui demandera, pour les catholiques, que soient emmenés leurs cercueils depuis Rungis dans un sanctuaire adapté pour les célébrations des obsèques ? Le deuil, à défaut de se dérouler conformément aux usages de l’Église, restera ainsi confiné à la loi du marché.


(1) : https://www.lesalonbeige.fr/soins-palliatifs-et-analgesiques/

4 commentaires

  1. La franc-maçonnerie est l’EGLISE DE SATAN , relisez la lettre de saint Padre Pio où Jésus lui révèle toute l’horreur de cette religion. L’ensemble des lois , en France comme ailleurs, qui permettent le meurtre ( avortements, euthanasie des personne pour une « mort digne » , euthanasie des enfants « malades » , et de toute personne jugée coûteuse et inutile …). Cette société , fruit de la révolution française ou la maçonnerie n’était pas absente, construit petit à petit la venue de l’antéchrist … Relisez le livre sur le père Garandieu , qui nous rappelle que la suppression du premier commandement au profit du second (aimez votre prochain) sous l’influence de la maçonnerie. Quel curé enseigne le premier commendement , comme les fins dernières ?

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  2. Malheureusement, nos évêques ont décidé d’abandonner leur peuple en interdisant aux prêtres de célébrer la messe en public, faisant du « zèle » (sic) en allant plus loin que le gouvernement. Si certaines de nos églises sont encore « ouvertes », elles sont vides comme au vendredi saint. Les faits dramatiques que vous soulignez à juste titre, Père Viot, ne sont que la première conséquence de cette trahison de nos pasteurs, qui au lieu d’aménager simplement le culte en fonction des règles de sécurité connaissances médicales, l’ont carrément fermé aux baptisés. Les effets en chaîne de cette trahison se poursuivent à l’hôpital et se poursuivront encore dans un enchaînement mortifère. Le peuple chrétien, du moins sa majorité, s’habitue déjà à ne plus célébrer ni dimanche ni fêtes, dont la plus grande, Pâques. Le gouvernement, qui en profite pour accentuer la pression en faveur de l’avortement et de l’euthanasie, ne se gênera pas pour gérer à sa manière la sortie de confinement et placer des « gestes barrière » au culte. Les chrétiens attachés aux trois blancheurs, déjà « excommuniés de fait », comme le dit très bien Laregie41 dans son commentaire, lâchés par ceux qui devaient les guider au nom du Christ, vont se retrouver seuls, expulsés y compris de leurs propres églises, et confinés dans un dernier réduit. La société, enfin libre, va pouvoir se livrer aux délices de la violence collective. Nous serons bientôt revenus au temps des Macchabées, à moins que nous en soyons devenus avant.

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  3.  » Le Christianisme est la religion de l’Incarnation du Verbe Divin, et qu’un chrétien ne peut être éloigné des sacrements qu’à titre exceptionnel : sanction de l’Église, ou risque mortel pour lui-même et les autres (ce qui justifie les mesures que notre hiérarchie française a jugé bonnes de prendre). »

    Je pense qu’il sera assez dur de convaincre tout un chacun qu’on peut aller au ravitaillement des nourritures terrestres (supermarché), mais que l’accès aux nourritures spirituelles (église) nous est interdit. Soit on interdit les deux, soit on autorise les deux, avec naturellement les précautions sanitaires qui s’imposent. Le Diable, suivant l’adage, s’est mis entre les deux …
    Personne ne semble plus avoir conscience de la gravité de la situation de l’Interdit. De fait, nous vivons sous ce régime, qui, au Moyen-Age, était considéré comme une catastrophe pour le peuple. Cela s’explique par la faiblesse de notre Foi.
    On me rétorquera qu’il n’y a pas Interdit puisqu’on peut assister à la messe par écran cathodique interposé. Désolé, mon ordinateur est un outil de travail, ma télé un outil de loisir, pas un outil du prière.
    Et du moins nous sommes tous excommuniés de fait. Là encore, au Moyen-Age c’était considéré comme la pire des choses, l’antichambre de l’Enfer.
    Et qu’on ne me parle pas de communion spirituelle, ce jésuitisme de circonstance. Comme vous le dites si bien, le Christianisme est la religion de l’Incarnation du Verbe Divin, et le Christ a eu suffisamment de mal à faire accepter qu’on mange son Corps et que l’on boive son Sang. Le voilà, le marqueur de l’incrédulité.

    Et sans la Messe et la Communion, le rôle fondamental du prêtre disparaît. La Hiérarchie en a-t-elle conscience, ou bien profite-t-elle de l’occasion pour à nouveau désacraliser, séculariser ? Ici aussi, on se demande parfois si la Hiérarchie a vraiment la Foi, où s’ils font comme si, à l’instar de ces fillettes qui jouent à la dinette. Rien à voir avec un Mgr de Belzunce à Marseille en 1720.

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