Rupture à Saint Jean de Cachan dans le département du Val de Marne (94)

C’est de la rupture du jeûne du ramadan prévue le 2 juillet 2016 dans le sanctuaire qu’il est question, semblable à celle vécue à Molenbeek près de Bruxelles récemment. Comme pour les rencontres islamo-chrétiennes de la fête de l’Annonciation à Lyon, il ne s’agit pas d’une simple et anodine manifestation de rencontre inter religieuse entre catholiques et musulmans, mais de quelque chose de bien plus grave.

Je ne nie pas les bonnes intentions. Mais je me demande tout de même si cette rupture de jeûne musulman dans un lieu consacré au culte catholique ne va pas engendrer des ruptures lourdes de conséquences. Dans un autre endroit qu’un lieu consacré, je n’aurais rien dit. Non point que cela fût sans reproche ! Mais la rencontre dans une salle paroissiale, par exemple, n’aurait relevé que de la maladresse pédagogique en matière de dialogue inter religieux . J’eusse donc préféré un dialogue sur le sens du jeûne, en un lieu non sacré.

La « rupture » de Cachan va au-delà de la maladresse ! Je crains qu’elle ne relève d’un sacrilège enfantant trois ruptures.

Rupture pour les musulmans comme pour les chrétiens par rapport à leurs propres traditions : il me semble qu’un musulman ne peut, de par sa religion, entrer dans un lieu de culte qui n’est pas musulman. La sourate 6,68 du Coran dit : « Quand tu vois ceux qui pataugent dans des discussions à propos de nos versets [les chrétiens et leurs discours religieux] éloigne toi d’eux jusqu’à ce qu’ils entament une autre discussion » particulièrement une église (ce qui est interprété comme interdiction de participer à une cérémonie chrétienne). S’ils y entrent néanmoins, c’est alors pour le désapprouver dans le secret de leurs cœurs, comme le stipule cette parole de leur prophète, tenue pour authentique (rapportée par Muslim) : « Que celui d’entre vous qui voit un mal le change par sa main. S’il ne le peut pas, qu’il le dénonce verbalement. S’il ne le peut pas, qu’il le désapprouve dans son cœur ». Pour les catholiques, leur église consacrée dans les formes liturgiques précises par l’évêque, doit les empêcher d’y tolérer autre chose que le culte catholique. Ce qui devrait inciter à la prudence pour les activités non cultuelles.

Rupture de l’unité catholique : comme prêtre appelé à voyager de par mes fonctions, je me dois de dire que ce type de rassemblement inter religieux trouble de plus en plus les fidèles, toutes catégories confondues. Les gens se taisent le plus souvent mais sont exaspérés .Ils ont peur d’être montrés du doigt comme islamophobes; et le fait que la Mairie de Paris ait donné l’exemple en fêtant le ramadan ne les rassure pas du tout, bien au contraire ! Ils deviennent ensuite facilement irritables devant toute rencontre inter religieuse, allant même jusqu’à critiquer notre Saint Père pour avoir reçu l’imam d’al-Azhar. Et je remarque, non sans tristesse que nos islamo-enthousiastes se sont bien gardés d’expliquer le sens exact de cette rencontre. Bref, cette exaspération, quand elle se manifestera, comme dans d’autres domaines en France, provoquera un enchaînement de ruptures dont nul ne peut prédire le résultat final. Mais on voit bien ce qui l’aura initié !

Rupture de charité enfin ! Et c’est la pire, parce qu’elle se fait aux dépens de l’accueil de nos frères chrétiens, qu’ils soient des convertis venus de l’islam, souvent en butte à la persécution de leurs anciens coreligionnaires, ou nos frères d’Orient, persécutés aussi au nom de l’islam. Beaucoup de ces derniers ont tout perdu avec la venue des radicaux, perdu jusqu’à la possibilité d’une coexistence pacifique avec leurs voisins musulmans et donc l’espoir d’un retour lorsque ceux-ci, pourtant si paisibles, ont prêté la main à la persécution islamiste. Il ne faut donc pas s’y tromper! Même si pour certains musulmans de France, aujourd’hui paisibles, la cérémonie de Cachan apparaît comme un signe de Fraternité, pour beaucoup à l’extérieur, comme aussi hélas à l’intérieur, c’est une preuve de faiblesse: une fête musulmane est célébrée dans un sanctuaire chrétien, le Coran y est lu avec les prières qui vont avec, des imams y prennent la parole, le christianisme s’ouvre au message de l’islam ! Alors…. Faut-il couvrir le silence complice de nos politiques par les chants islamo-chrétiens de semblables fêtes ? Ne vont-ils pas sonner aux oreilles de nos frères qui souffrent, comme jadis les orgues hydrauliques des cirques romains quand les bêtes dévoraient les martyrs ? Puissent les chrétiens islamo compatibles, qui pensent faire œuvre utile en transformant leurs églises en maisons de tolérance religieuse, regarder en face l’engrenage de la rupture !


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11 commentaires

  1. Bonsoir,

    J’ajoute à ce que j’ai écrit les quelques mots qui suivent.

    1. Je suis bien obligé de constater que nous allons d’hyperboles en surenchères, presque toujours dans le même sens, depuis que certains font ou laissent souffler, en eux et autour d’eux, « l’esprit d’Assise » ou « l’esprit de Tibhirine », en lieu et place de l’Esprit saint, de l’Esprit de sainteté, dans la charité et la vérité, donc de l’Esprit qui procède du Père et du Fils, en ce qu’il découle de la relation d’amour entre le Père et le Fils, et en ce qu’il ne découle pas de tel moment de confusion, de consensus, voire, demain, de syncrétisme, dans le cadre du « dialogue » islamo-chrétien.

    2. Je suis également bien obligé de constater que par endroits, par moments, le christianisme catholique s’apparente de plus en plus à une religion du développement personnel et de la convivialité culturelle, ou se manifeste de plus en plus comme une religion sans dogmes ni vertus spécifiques, au sein de laquelle on « postmodernise » la conception des réalités extérieures et la relation aux réalités extérieures, en ce que l’on soumet cette conception et cette relation à une mystique de l’adaptation à l’autre, de l’évolution vers l’autre, de l’innovation, liturgique ou pastorale, de l’ouverture sur l’autre, et de l’unité avec l’autre, qui fait passer à l’arrière-plan la connaissance et la compréhension, la réception et la transmission, notamment, des distinctions indispensables au maintien en vigueur de la solidité et de la validité de la Foi catholique, en l’espèce les distinctions entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes.

    3. Or, de même que cette dynamique d’auto-dénaturation ou d’auto-fragilisation du catholicisme contemporain a déjà transformé bien des théologiens en de simples dialecticiens ou herméneutes, peu capables ou, en tout cas, peu désireux, de prendre appui sur l’Ecriture, la Tradition, le Magistère, pour dire oui, bien sûr, à Jésus-Christ, donc non, bien sûr, à l’indifférenciation ou à la proximisation entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, de même, cette dynamique commence à transformer bien des évêques et bien des prêtres en des ambianceurs, qui font ou laissent produire puis consommer des happenings interreligieux, évidemment plus agréables et moins difficiles à organiser qu’une pastorale exhortant clairement les musulmans à la conversion vers Jésus-Christ.

    4. Il y a, dans tout cela, une dimension du problème qui n’a pas souvent été relevée : nous sommes en présence de théologiens, d’évêques, de prêtres, de fidèles, qui se comportent « parfois » exactement comme s’ils étaient persuadés que chaque catholique a vocation à choisir entre le passé et le progrès, ou entre la régression et l’avenir : je peux vous assurer qu’il n’y a vraiment pas besoin de surinterpréter tel enseignement doctrinal ou tel événement pastoral contemporain pour y percevoir l’expression de l’opinion selon laquelle le Credo, le Notre Père, le Décalogue, la Foi, l’Espérance, la Charité, pensés, priés, vécus, d’une manière dite « exclusiviste », sont jugés synonymes de fermeture sur le passé et de repli sur soi, tandis que la prise en compte et la mise en oeuvre consensualiste et fraternitaire des « valeurs chrétiennes » (?) sont désormais tenues pour synonymes d’ouverture sur l’avenir et sur les autres.

    5. La dimension du problème qui n’a pas été souvent relevée est celle-ci : nous sommes en présence de clercs, dialecticiens, herméneutes, ambianceurs, qui se comportent « de temps en temps » exactement comme s’ils étaient persuadés de faire partie d’une élite, d’une avant-garde, sur le plan intellectuel comme sur le plan relationnel, cette avant-garde

    – ne se plaçant pas en première ligne pour (faire) coopérer avec l’Esprit de Dieu et pour (faire) résister à l’esprit du monde (à qui il arrive sûrement de sévir, notamment, en matière interreligieuse), donc pour faire connaître, comprendre, aimer, Jésus-Christ, en tant que Fils unique du seul vrai Dieu, Père, Fils, Esprit, en tant que seul Médiateur et seul Rédempteur, et en tant que seul Seigneur et seul Sauveur,

    et

    – ne se plaçant pas en première ligne pour exhorter les catholiques à l’annonce de la religion chrétienne, ni pour exhorter les croyants non chrétiens à la conversion chrétienne, comme si les catholiques étaient dispensés d’annonce et comme si les croyants non chrétiens étaient dispensés de conversion, la fécondité et la génialité du « dialogue » rendant l’annonce, par les catholiques, escamotable, et la conversion, par les non chrétiens, facultative.

    6. Je ne sais pas jusqu’où ira toute cette dialogomanie, ou toute cette irénolâtrie, plus para-religieuse, sinon pseudo-religieuse, que vraiment religieuse, sous l’angle surnaturel et théologal, mais après tout, pour certains, il a fallu l’effondrement du mur de Berlin, pour qu’ils commencent à se rendre compte qu’il n’y a ni identité, ni proximité, entre le christianisme et le communisme, et, pour d’autres, cet effondrement n’a pas suffi, pour qu’ils ouvrent leurs yeux.

    7. Aussi, je me demande quel autre « effondrement de mur de Berlin » sera nécessaire, pour certains, même s’il n’est pas suffisant, pour d’autres, afin que l’on commence à en finir avec ces manifestations, ces rencontres, ces réunions, peut-être bien intentionnées, mais qui risquent, chaque année un peu plus, de transformer le dialogue islamo-chrétien en une antichambre, en l’antichambre de la soumission ultérieure, à l’islam, de bien des chrétiens.

    8. Parmi les choses que l’on peut espérer, il y a celle-ci : on peut espérer, en effet, que la lecture d’un livre proche de, ou tel que, « Le grand secret de l’islam » commence à contribuer à fragiliser, à sa base, « le mur de Berlin » devant lequel l’ambiguité et l’aveuglement volontaires de bien des catholiques, sur l’islam, continuent, pour l’instant, à prospérer.

    Je termine ces quelques mots par un clin d’oeil en direction d’un autre livre : « Le prix à payer », de Joseph FADELLE ; eh bien, je me demande si, pour certains, le seul « prix à payer » qu’il est, d’après eux, légitime de payer, n’est pas ce dhimmi-alogue islamo-chrétien, car enfin, posons-nous, pour finir, cette question : ce qu’il est convenu d’appeler le dialogue islamo-chrétien aurait-il été possible, et aurait-il pris l’ampleur qui est aujourd’hui la sienne, si les catholiques, dès la fin des années 1970, avaient été plus clairement et plus constamment courageux et généreux, à destination, mais aussi au bénéfice, des musulmans, en faisant preuve de plus de fermeté et de franchise, sur la Foi catholique ?

    Bonne soirée.

    A Z

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  2. De bonnes paroles qu’on entend ou voit si peu dans la bouche ou dans les écrits de nos ecclésiastiques français ! Comme je dis souvent, l’amitié c’est la vérité,même celle qui fait mal à ses bons sentiments et à son ego…

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  3. Il semble que certains musulmans ne connaissent pas la sourate 6,68, puisqu’ils entrent prier dans des églises… mais il est dit également :
    « Là où le musulman pose son tapis, là est la mosquée »…
    C’est pourquoi, je trouve incongru et irresponsable de la part de prêtres dont l’église a été ainsi profanée, qu’ils ne voient pas pourquoi, ils devraient y faire une messe de réparation et de re-consécration… Comme l’a dit Benoît XVI : « L’Église est une barque qui prend eau de toute part »…
    Merci Père Viot de faire partie des vigilants… Grâce à vous, nous pourrons peut-être sauver les meubles, avant qu’il ne soit trop tard.

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  4. Bonsoir et merci pour votre courage et votre franchise.

    A. En l’occurrence, je ne ne reproche pas aux musulmans d’être musulmans, mais je déplore que des catholiques, y compris des clercs, soient, non avant tout des catholiques, mais avant tout des irénistes, l’amour de la paix étant une chose, et l’adoration de l’irénisme étant une tout autre chose, souvent caricaturale et falsificatrice de la véritable paix.

    B. A ce niveau-là, ce n’est plus du « dialogue », ce n’est même plus du consensus, mais c’est de la confusion, voire de la soumission, inter-religieuse, islamo-chrétienne, comparable à plusieurs titres à la confusion ou à la soumission, que l’on qualifierait aujourd’hui d’inter-convictionnelle, qui s’est manifestée dans le cadre du « dialogue » entre des catholiques et des communistes, entre 1945 et la fin des années 1980.

    C. Il y a dans tout cela des ambiguités, un aveuglement, des imprécisions, une imprudence, d’autant plus grandement et gravement coupables qu’ils sont volontaires, mais aussi, souvent, considérés, par ceux qui en sont responsables, comme « évangéliques », dans la « miséricorde », vers les « périphéries », comme on dit depuis bientôt trois ans et quatre mois, et tout cela, comme vous-même le relevez dans votre texte, ne peut que provoquer la colère et la tristesse, ainsi que l’indignation, des catholiques, notamment de tous ceux

    – qui connaissent et respectent encore un peu la Foi catholique en Dieu, Père, Fils, Esprit, Trinité,

    – qui ont étudié la Charia, le Coran, et savent à quoi s’en tenir sur la doctrine et l’histoire de l’islam.

    D. A partir de là, on ne peut que constater que ce sacrilège s’inscrit dans le sillage de toute une conception de la religion en général, du christianisme et de l’islam, en particulier, une conception dans le cadre de laquelle

    a) le croire-ensemblisme, oecuméniste, ou plutôt unanimiste, assez souvent artificiel, émotionnel, sentimental et superficiel, se veut situé « par-delà le vrai et le faux » en matière de doctrine religieuse,

    b) les différences de forme sont considérées comme ne manifestant pas des divergences de fond, mais plutôt comme manifestant des obstacles provisoires, voire des instruments paradoxaux, en direction et au service d’une assimilation, d’une concordance, d’une convergence, ou d’une égalisation, sur le fond, entre ces deux religions.

    E. Or, de quelle convergence sur le fond peut-il être question, quand on voit dans quelle mesure toute religion séculière, qu’elle soit athéocratique, matérialiste, et d’origine européenne, ou théocratique, spiritualiste, et d’origine moyen-orientale,

    – pose un premier problème, en ce qui concerne l’accueil et la recherche de la vérité inspirée par Dieu,

    et

    – pose un deuxième problème, en ce qui concerne l’accueil et le respect de la liberté à laquelle aspire l’homme ?

    F. Je pense par ailleurs que certains catholiques ont déjà commencé à se dire en substance que l’islam va l’emporter, et qu’il convient donc de ménager dès aujourd’hui les co-religionnaires de ceux qui, on l’espère, nous ménageront demain. Dans ces conditions, tant pis pour les chrétiens d’Orient, témoins amers de notre tiédeur, et tant pis pour tous les musulmans qui envisagent de se convertir, et qui prennent des risques considérables, quand ils entreprennent de le faire, sous la conduite et en direction de celui qui est la Voie, la Vérité, la Vie : Jésus-Christ.

    Je termine ce message sur cette remarque : quand bien même toute cette affaire ne manifesterait pas une volonté de soumission, prévenante et préventive, de catholiques à l’islam, elle manifeste néanmoins une volonté de soumission, de « conformation », à une vision des choses assez proche de ce que l’on trouve dans telle théologie partisane de « l’oecuménisme » interreligieux, ou dans telle théologie promotrice du « pluralisme » religieux, au moyen d’une praxis postmoderne, plutôt « émancipée », vis-à-vis de l’orthodoxie inhérente à la Foi catholique, et située au carrefour de la culture, de la liturgie, du « pastoral » et du « sociétal ».

    Encore merci pour votre courage et votre franchise, dans un contexte de plus en plus éprouvant.

    A Z

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  5. c’est une honte !NSJC a chassé les vendeurs du temple Il n’a pas hésité à tout renverser et ensuite qu’a -t-il dit à ses disciples allez enseigner toutes les nations baptisez-les au nom du Père du Fils et du St Esprit celui qui sera baptisé sera sauvé celui qui ne sera pas baptisé sera condamné Notre devoir en tant que catholique est de les christianiser et non pas de les laisser partir pour l’enfer car où est la charité si on ne dit pas la vérité . On se demande si les prêtres les évêques et même le pape sont vraiment des catholiques ou s’ils sont passés à l’ennemi puisque Notre Seigneur a dit quand je reviendrai sur la terre retrouverai-je la foi

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